JACQUES VIVIER GAGNE LA ROUTE DE FRANCE
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- Au seuil de cette saison 1951, Jacques Vivier et son grand rival André Bernard vont s’entendre comme des frères pour faire échec àAndré Dufraisse. Les deux coureurs parmi tant d’autres signent chez Royal-Fabric qui a pour chef de file l’ex-champion de France professionnel Eloi Tassin. Vivier fait son service militaire à Périgueux mais s’entraîne et fait beaucoup de culture physique. Il se sent en grande forme avec 2500 kms dans les jambes pour l’heure. Même si son régiment doit partir pour l’Allemagne, il pense bien rester dans son Périgord, ayant promis à son capitaine de ramener le maillot de Champion de Francemilitaire.
- Jacques Vivier dispute la première Route de France et remporte l’épreuve. Puis il ajoute dans sa musette le Circuit du Cantal, une épreuve difficile et devient à la grande satisfaction de ses cadres officiers et sous-officiers, Champion de France Militaire. En faits Vivier gagne un peu partout, malgré sa situation sous les drapeaux. On le voit, le trio Duteil-Vivier-Brun fonctionne plus que jamais...
- Anecdotes : En 1951, la marque de chaussures "DEP" celles que tous les coureurs portaient, firent signer un contrat "Publicitaire"à Jacques Vivier, pour sortir un modèle compétition "Vivier".
Jacques Vivier en course lors du 15° Circuit Aixois qu’il terminera en 3° position
- 1951 indépendant Royal-Fabric Wolber (Club Athlétique Ribéracois).
- 1° Route de France en quinze étapes et vainqueur de la 2°étape Auxerre-Dijon(lire article ci-dessous),1° Circuit du Cantal(lire article ci-dessous),Champion de France militaire route(*), Champion des 4° et 3° régions militaire sur route, 1° Saint-Aulaye, 1° Circuit du printemps à Périgueux, 1° Grand Prix de l’armistice à Périgueux, 1° La Rochefoucauld, , 1° Miallet, 1° Sarlat, 1° Prix des grands vins à Villefranche de Lonchat, 1° GP de la ville de Limoges, 1° Prix Jacques Moujica à Châteauneuf sur Charente, 1° Beaulieu sur Dordogne, 5° GP du Populaire du Centre (1° Brun), 2° Championnat du Limousin route (1° Marcel Guitard), 2° Aixe sur Vienne (1° Brun), 2° Saint-Mathieu (1° Allory), 2° Tour de la Dordogne (1° Albert Dolhats sur cycle Elvish), 2° Belvès(1° Robert Castelin de Marseille) (lire article ci-dessous), 3° Circuit Aixois (1° Marius Duteil)
(*) C’est à Dijon que s’est couru ce championnat de France et sur une distance de 145 kms où Jacques Vivier est arrivé seul et avec 4’27s d’avance sur Mazet deuxième, 5’29s sur Léocat troisième, suivi par le peloton où on remarquait dans l’ordre Borde, Pardon, Formet, Leyneburger, Blondeau, Marcy et Massip.
BELVÈS : LA COURSE REMARQUABLE DE JACQUES VIVIER
BELVES. - Le 7° Grand Prix de Belvès a obtenu un succès égal à celui du Tour de la Dordogne, couru la veille. Une foule dense se pressait tout autour du circuit d’environ six kilomètres, à couvrir vingt fois. D’une extrême dureté, le parcours a fait de nombreuses victimes. La plus remarquable fut évidemment Dolhats. Celui-ci avait triomphé dans le Tour de la Dordogne avec une telle aisance qu’on pouvait supposé de voir rééditer son exploit. Il n’en fut rien, il rentra dans le rang et abandonna exténué. Bon nombre de grandes vedettes se sont "cassés" les jambes dans la dure côte de Belvès. Cette rampe opéra vite une sélection.
- Darnauguilhem et Vivier, d’abord, animèrent le début de la course. D’une allure souple et facile, ils attaquaient et passaient avec facilité la principale grosse difficulté.
- Mais derrière, dans le peloton, qui compta jusqu’à 1’30s de retard, on ne chômait pas. Laurédi, Lucien Lazaridès, Lorca et Castelin contre-attaquèrent sérieusement et le peloton, sous leur impulsion, s’étira vite. La course fut alors jouée et après que ces cinq hommes eurent rejoints les fugitifs, ils lâchèrent le Belvèsois Darnauguilhem, qui ne tarda pas à abandonner.
- Dans le peloton poursuivant, on enregistra alors abandons sur abandons, tant et si bien qu’en fin de course, il ne resta plus que quinze hommes. Comme nous l’avons déjà dit, ce circuit est sans pitié. Pourtant, certains "gros bras", au départ, pensaient tout avaler, notamment Dominique Canavèse, inexistant dans le Tour de la Dordogne, où il ne fit que quelques kilomètres et regagna sa chambre sans tarder. Il réédita au Grand Prix de Belvès. Drôle de manière d’honorer un contrat. Rémy l’imita et beaucoup d’autres encore : Moineau, Berton, Emile Teisseire, etc … se firent rejoindre comme à plaisir (tout coureur étant doublé devant quitter la course) et regagnèrent béatement leurs pénates.
- Heureusement que Laurédi, Lucien Lazaridès, Castelin se rachetèrent. Mais nous tenons surtout à souligner la conscience professionnelle de Decanali, une des rares vedettes à terminer les deux épreuves. Vivier (en médaillon) promet beaucoup. Sans une chute qui l’handicapa lors de la première épreuve, il n’aurait pas été loin du vainqueur. Signalons en terminant que, tout au long du parcours du Tour de la Dordogne, M. Berthozat, speaker de l’agence Monlong, avec sa verve habituelle, renseigna la foule des villes et villages traversés sur la position des coureurs. Dans le Grand Prix de la ville de Belvès, il fut un chasseur de primes émérite, ce dont ne se sont pas plaints les coureurs.
Le classement : 1. Robert Castelin (Marseille) les 110 kms en 3h 02’ sur cycle France Sport, 2. Jacques Vivier (Royal Fabric-CA. Ribérac), 3. Floch, 4. Lucien Lazaridès, 5. Lorca, 6. Laurédi tous même temps, 7. Demanges à 2’ 05s, 8. Cieleska à 2’ 15s, 9. Jacques Pineau, 10. Dufraisse, 11. R. Prouzet m.tps, 12. Decanali à 2’20s, 13. Londéro à 2’ 40s, 14. Dussault à 2’ 43s, 15. Bermudez.
Tous les autres coureurs ont abandonné.
NDLR : La veille Vivier avait terminédeuxième du Tour Dordogne couru de Belvès à Belvès sur 270 kms ! C’était vraiment l’époque des forçats de la route...
PREMIÈRE ÉDITION DE LA ROUTE DE FRANCE
- Avec André Dupré, Daniel Dihars, tous deux de Sainte-Foy la Grande, avec le tandem Ribéracois Jacques Vivier-Michel Brun, le Rochelais Pérez et Pinaud de Montauban, la Route de France-Tour de la Gaule a bien débuté pour la région. En effet Dupré et Dihars ont fait respectivement premier et second à Auxerre, lieu d’arrivée de la première étape de cette belle épreuve. De son côtéVivier a enlevéà Dijon la seconde, où le coureur Bon de l’île d’Oléron a fait 6°. Brun s’est classé 11°, Pérez 12° et Jules Pinaud 13°. Enfin à l’issue de cette deuxième étape, André Dupré occupait la première place au classement général, suivi de Vivier à 22 secondes. Remarquons à ce propos qu’ayant été retardé lors de la première étape, où il est 5°, Vivier dont la grande classe est indiscutable, apparaissait dimanche soir d’ores et déjà comme extrêmement dangereux pour tous à la suite de la brillante remontée qu’il venait d’accomplir. A l’issue de la 3°étape menant à Vichy, le classement général a évolué donnant le maillot jaune à Bon de l’île d’Oléron.
- 1°étape Paris/Auxerre : 1° Dupré, 5° Vivier, 8° Brun.
- 2°étape Auxerre/Dijon : 1° Vivier, 11° Brun.
- 3°étape : Dijon/Vichy : 1° Joseph Gil (Espagne), 8° Brun, 10° Vivier.
- 4°étape : Vichy-Saint-Etienne : 1. Bernard Quennehen, 2. Jacques Vivier, 3. René Lo Guidice.
- 5°étape : Saint-Etienne/Avignon : 1° André Bérard, 4° Vivier.
- 6°étape : Avignon/Béziers : 1° Joseph Gil (Espagne), 9° Vivier.
- 7°étape : Béziers/Montauban : 1° André Gonzalès, 13° Vivier.
- 8°étape : Montauban/Arcachon : 1° Marcel Fernandez, 10° Vivier.
- 9°étape : Arcachon/La Rochelle en deux tronçons : 1° Joseph Costa (Portugal) de Lacanau à Verdon et Gonzalès (Lyon) de Royan à La Rochelle.
- 10°étape : La Rochelle/Thouars : 1° Volet (Dieppe), 4° Vivier.
- 11°étape : Thouars/Vannes : 1° Thillard (Bordeaux), 26° Vivier.
- 12°étape : Vannes/Dinan : 1° Joseph Costa (Portugal).
- 13°étape : Dinan/Cherbourg : 1° Henry Perly (La Chapelle au Reboul), 15° Vivier.
- 14°étape : Cherbourg/Caen : 1° Jean Leulier, 17° Vivier.
- 15°étape : Caen/Paris : 1° Henry Perly (La chapelle au Reboul).
Classement général final :1° Jacques Vivier (Ribérac) en 70 h 02 mn, 2. Marcel Bon (Ile d’Oléron) à 9’02s, 3. Volet (Dieppe) à 10’32s, etc...
Vivier a dit à La Rochelle : "La guerre des nerfs avec Llorca est terminée !Le Méditerranéen, pris de vomissements a abandonné hier à 15 kms de La Rochelle. Désormais, je possède plus de six minutes d’avance sur mon suivant immédiat, l’Oléronnais Bon et cela au moment d’aborder l’étape contre la montre sur les 86 kms que séparent Pouzaugues et Thouras. Sur des routes familières à mon nouveau rival, mais qui ne me sont pas totalement inconnues, nous allons nous livrer sans réserve, avec le Père Temps pour juge inexorable ! Dans l’étape contre la montre de Loire-Océan, j’ai pu me rendre compte que Bon était un excellent spécialiste de l’effort solitaire. Mais décidéà lutter jusqu’à un épuisement total, je ne pars pas battu d’avance."
- La suite on connaîtra avec un Jacques Vivier classé 4° du chrono alors que Bon était reléguéà la 11° place concédant encore de précieuses secondes à Vivier désormais solide leader d’une épreuve qu’il aura menée de bout en bout à sa façon.
- pour revoir les photos de l’arrivée de la Route de France en 1954 à Ribérac, cliquez ici.
NDLR : Raymond Chaminaud avait couru cette édition 1954. Il était marié avec Jeanine, une sœur de Michel Brun.
Circuit Aixois 1951 gagné par Duteil, Vivier est troisième
LE FAVORI VIVIER ENLÈVE DEVANT BRUN LE 21° CIRCUIT DU CANTAL.
- Ce fut vraiment une belle épreuve favorisée par un temps exceptionnel que la GP de la Suze, 21° Circuit du Cantal. Un lot de classe, des spectateurs nombreux et enthousiastes, une épreuve fort intéressante, depuis le début jusqu’à l’arrivée, et finalement le record de l’épreuve a été battu.
- S’il faut tresser des couronnes au vainqueur et à son équipier Brun, s’il faut aussi féliciter les animateurs de l’épreuve, Garcia, Pagotto, Amigo et surtout le vaillant Bermudez. Il faut aussi noter la grande révélation de la journée, le jeune Agut, un débutant de 22 ans dont on reparlera.
- Quatre coureurs ont animé les deux tiers de l’épreuve, quatre coureurs qui ont fourni des efforts très généreux. Pagotto disparu du peloton de tête sur crevaison, Amigo et Garcia ont été lâchés par Bermudez avant d’arriver à Aurillac.
- Quand à Bermudez, après avoir caracolé en tête de la course jusqu’à Saint-Cernin, il a payé cruellement ses efforts rejoint d’abord par Brun puis par Vivier et Agut, il a dû successivement laisser partir Vivier et Brun et même s’il n’a pu conserver la troisième place, se laissant passer encore par des coureurs venus de plus loin.
- Vivierétait notre favori mais avouons que pendant 200 kms, nous nous sommes demandés ce qu’il faisait dans le peloton à ne jamais tenter aucun effort.
- Brun et Vivier avaient reçu des consignes, ils les ont appliquées et n’ont mis le nez à la fenêtre qu’au bon moment. Une fois de plus les animateurs en ont été pour leur frais.
- La première échappée est menée par Pagotto et Garcia qui auront jusqu’à cinq minutes d’avance sur le peloton dans la traversée de Neussargues. Dès lors cette avance va fondre comme neige au soleil. A Riom l’échappée aura encore 1’06s d’avance sur Bermudez et Amigo alors que le peloton sera pointéà 2’56s. Au sommet de la côte de Beysseyre, Bermudez et Amigo rejoignent Garcia et Pagotto. On sent que Bermudez est le plus fort des quatre hommes de tête. Pagotto crève et sera repris par le peloton. Dans la côte de Mauriac, Bermudez lâche Garcia et Amigo et s’enfuit vers l’arrivée qui est encore lointaine.
- A Mauriac Amigo fatigué s’écroule et rentre dans le rang. Martinez de Clermont s’échappe du peloton et rejoint Garcia. Celui-ci connaît la défaillance et c’est alors que la côte de Saint-Cernin se présente. Un certain nombre de coureurs sont en difficultés. Brun et Vivier amènent le peloton. Martinez a son tour est à la ramasse. Plus loin Bermudez passe en tête le sommet du col, mais c’est là que la surprise arrive avec Brun et Vivier qui reviennent forts, dépassent Bermudez et le lâche dans la descente. Brun et Bermudez sont ensemble dans la descente mais ils sont rejoints par Vivier et Agut. Vivier passe à l’attaque dans la côte de Reilhacà sept kms de l’arrivée. Il s’enfuit seul vers la banderole. Puis Brun fausse compagnie au peloton pour prendre la deuxième place.
Le classement : 1. Jacques Vivier (Ribérac) sur cycle Royal-Fabric les 233 kms en 6h58’, 2. Michel Brun (Ribérac) à 37s, 3. Agut (Béziers) à 44s, 4. Pras (Angoulême) à 58s, 5. Rippe (Angoulême) m.tps, 6. Cassol (Saint-Gaudens), 7. Bermudez (Carcassonne) à 1’21s, 8. Dupuy (Grenoble) à 3’35s, 9. Tricot (Paris), 10. Cohen à 3’45s, etc...
RÉTRO VÉLO DORDOGNE – JACQUES VIVIER (1951) © BERNARD PECCABIN
Prochain épisode : 1951 La saison de Michel Brun